logue ou logiste?

en regardant la télé ce matin, un mot m'a percé le tympan gauche (oui, je présente toujours à la télé mon meilleur profil): OPHTALMOLOGISTE! je me suis dit "mais quel est le faussoyeur qui a encore décrété qu'il fallait remiser ophtalmologue au placard et le remplacer par ce barbarisme directement emprunté à l'anglais (qui, lui, soit dit en passant, est logique puisqu'il applique la terminaison -logist à tous les spécialistes)?"

pourquoi pas psychologiste ou géologiste tant qu'on y est? je me suis donc…

… précipité sur mon fidèle dictionnaire, le p'tit bob, et ô surprise, horreur, déception, dégoût (cochez ce qui convient), sa sentence fut à la fois sans appel et sans explication: on dit aussi ophtalmologiste! quid? quad? quod? comment se pourquoi-tè-ce? et depuis quand, s'il vous plaît? et qui donc osa? encore un coup d'un journaliste sans scrupule qui eut un jour le bras suffisamment long pour en imposer aux lexicologues (-logistes? non, je plaisante). ou étaient-ce des lexicographes? je m'égare.

spéculant, j'ai avancé l'étymologie, si j'ose dire. penses-tu!! logues et autres logistes sont tous logés à la même enseigne, grecque en l'occurrence: logia (théorie) ou logos (discours), qui a donné les suffixes logue, logien, logiste, mais aussi loge (martyloroge) et logisme (syllogisme). non, l'étymologie ne nous aide pas.

j'ouvre une petite parenthèse (renommons donc les étymologistes "étymologues" et vous verrez que nous aurons une solution immédiate et logique à cette énigme). parenthèse fermée.

autre tentative: le suffixe adjectival -logiste découle directement du suffixe substantival -logie. beeep, mauvaise hypothèse. ça marche pour biologie, mais pas pour psychologie. à court d'argument, j'ai donc hypothésé l'emprunt à l'anglais (qui me paraît plus plausible). mais dans ce cas, POURQUOI sur ce seul mot? fichtre. retour à la case départ: pourquoi ne dit-on pas politologiste ou biologue?

il semblerait donc que cette dualité suffixo-pas-logique sur ce mot précis soit une particularité du français (c'est comme ça qu'on dit quand on ne sait pas expliquer). mais n'ironisons pas trop vite: les journalistes ne manquent jamais de ressources et il y a fort à parier que nous ne soyons pas, nous pauvres humains exclus des arcanes de l'évolution de la langue, encore au bout de nos peines surprises…