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les ptits trucs qui gonflent
dans la vie, il y a des choses, oh des petites choses, qui devraient normalement être insignifiantes parce que quotidiennes, acquises et toutes tracées, mais qui ont décidé (parce qu’elles sont douées de vie) de se mettre en travers de votre chemin, de bousculer vos certitudes, de contrecarrer vos plans, bref de vous ciseler les joyaux. et bien sûr, toujours au moment où vous vous y attendez le moins. exemple.
vous partez au travail le matin et, en passant devant la console de l’entrée sans vous arrêter (car vous êtes sûr de votre coup), vous tendez le bras pour attraper vos clés de voiture. c’est compter sans le fait qu’elles ne veulent peut-être pas se laisser attraper, ces clés. du coup, vous les loupez. ce qui vous oblige à exécuter un demi-quart de tour sur vous-même, tout en essayant de ne pas perdre votre force propulsive. mais les clés récalcitrent et vous les loupez une seconde fois. ce qui vous oblige à vous arrêter complètement. objet 1 – humain 0: votre élan est définitivement cassé, vous retardant de quelques microsecondes.
autre exemple, vous rentrez des commissions, les bras chargés de paquets encombrants ET lourds. en équilibre sur la jambe droite (la plus forte), l’un des paquets posé sur la jambe gauche repliée, vous réalisez d’abord que vos clés se trouvent AUSSI dans la poche gauche mais passons. les bras endoloris, les mains crispées, les quadriceps gourds, vous réussissez tant bien que mal à ouvrir la porte et vous entrez précipitamment pour poser enfin ce fichu barda. et devinez ce qui, immanquablement, automatiquement, évidemment, stoppe net votre progression? la manche de votre manteau, pardi, qui a décidé de faire un bisou au passage à la poignée de la porte et s’y enfile comme une main dans un gant. c’est vrai, ces deux-là se voient si rarement que lorsqu’ils se rencontrent, c’est la fête… et je ne parle pas des oeufs qui, en tombant, ont réétalonné votre parquet d’un jaune poisseux inopiné. le pompon. vive la france.
et les fois où quelque chose d’intéressant (au hasard une jolie fille pour les messieurs) attire votre regard. au moment où vous vous croyez vernis d’entrapercevoir un si joli spectacle et pensez naïvement que vos coquins quinquets vont pouvoir bénéficier d’un rinçage gratuit, quelque chose s’interpose entre vous et ledit objet dudit rinçage. total, tintin les mirettes. merci murphy.
sans parler des ordinateurs… quoi de plus horripilant qu’un pc qui rame? on a tous connu ça et les raisons, dont on se fout éperdument d’ailleurs, sont légion: virus, vétusté de la bête, programme qui plante on ne sait jamais trop pourquoi, bref, il se met à ramer de façon inexpliquée. et toujours au moment le plus inopportun, c’est-à-dire quand vous êtes pressé et que vous voulez « juste » consulter un fichier avant d’aller déjeuner ou que quelqu’un vous attend.
et le piéton qu’on veut doubler sur le trottoir, simplement parce qu’on marche plus vite que lui? vous l’avez tous en tête, celui-là? bon. décidez de le doubler par la gauche et le gars va imperceptiblement, comme-par-hasardement se diriger vers la gauche (cela vaut aussi pour la droite, bien sûr, et le gars peut être une garce, car l’inévitabilité méprise le sexe).
et la mamie qui ne sort son porte-monnaie pour compter ses pièces qu’APRÈS que la caissière lui a annoncé le montant de ses maigres commi? à noter que cela arrive aussi aux péages.
et l’ahuri qui ne démarre que longtemps après que le feu est passé au vert? ou l’autre qui roule à 20 à l’heure alors que le feu, au loin, est vert, et qui donne un grand coup d’accélérateur en voyant qu’il passe à l’orange, vous laissant généreusement poireauter au rouge? et la file de droite qui n’avance pas d’un pouce alors que la gauche joue les circuits de formule 1. vous déboîtez car vous n’êtes pas du genre escargot quand soudain la voie de gauche s’encombre jusqu’à s’arrêter tandis que c’est la droite, celle que vous venez si judicieusement de quitter, qui redémarre en trombe. et le plus rageant, dans ces cas-là, ce n’est pas tant de s’être trompé: c’est le regard (et le petit sourire) des automobilistes qui vous doublent et qui vous font comprendre combien vous fûtes ridicule d’avoir été impatient. vexation suprême, toujours renforçatrice de la colère précitée.
et les fils? pas de type progéniture, de type électrique ou de type écouteurs, peu importe. le cauchemar de l’homme moderne! faites l’expérience: enroulez proprement le cordon de vos écouteurs et placez-le dans un sac. attendez dix minutes et ressortez-les. neuf chances et demi sur dix qu’ils en sortiront emmêlés. c’est évidemment pire s’il y a plusieurs cordons en jeu…
je pourrais en écrire un ouvrage en plusieurs volumes (tiens c’est une idée, ça), tellement les exemples sont multinombreux. d’ailleurs, si toi aussi tu en as en stock, viens alimenter le moulin de la grogne contre ces p’tits trucs qui nous pourrissent gentiment la vie. qui sait, tu pourras peut-être gagner un porte-clé à l’issue du tirage au sort des meilleurs cas exposés…
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