la petite musique du quotidien

achille copie

vous êtes-vous jamais posé la question de savoir quelle note de musique produisait votre voix quand vous parlez? moi si. et le moteur d’entraînement d’une imprimante, un rasoir, un marteau-piqueur, une mobylette, quelles notes produisent-ils? je ne parle pas des onomatopées, du…

… shhhhhhh que fait une voiture sur une route mouillée, ni du tic-tac de votre horloge murale, ni du klek-klek-klek que produisent les escarpins à talon de madame ma voisine sur le sol carrelé de sa cuisine, ni du vlan d’une porte qui claque (quoique), ni même du paf le chien. je ne parle pas non plus des notes conçues dans une volonté musicale de rendre le quotidien plus agréable, comme le do dièse d’un mac qui s’allume, le la-do-fa d’une imprimante hp bas de gamme, le do-mi-sol des jingles d’aéroport, le ré-la-la dièse-fa de la sncf ou encore le sol dièse (et non le la comme je l’ai longtemps cru) de la tonalité du téléphone.

je parle de ces notes qui accompagnent le plus quotidien des appareils, le plus anodin des gestes, la plus simple des actions, de ce solfège qui berce nos oreilles à notre insu, de cette musique qui nous entoure sans que nous en soyons forcément conscients. et depuis que je m’intéresse à ce sujet, je vois mon quotidien d’une autre oreille…

je me suis donc posé la question de savoir si un son est une note. et je me suis livré à un exercice amusant, armé de mon petit piano sur ipad (car je suis nul en solfège) pour tenter de traduire en notes ces sons qui ne semblent parfois que des bruits à nos oreilles agressées en permanence. pas forcément facile, certains rechignant à se laisser reproduire sur un clavier. amis musiciens, mes conclusions reposent sur la simple observation auditive et non sur des connaissances musicales raisonnées. je vous prie donc de pardonner d’avance le manque de rigueur ou disons le côté amateur d’une telle « étude ».

or donc, mon aspirateur de table semble aspirer en chantant un do aigu. le frigo et le congélo dans la maison de mon père mèneraient leur vie sur un la et son ventilateur soufflerait de l’air sur un sol. un bus genevois (je ne sais pas pour les autres villes, je vérifierai) roulant à vitesse normale aurait tendance à produire un fa dièse, qui variera évidemment selon sa vitesse. chaque deux-roues a une note particulière, celle-ci variant bien sûr selon sa cylindrée mais également selon que l’engin roule à vitesse constante, accélère ou décélère. je viens d’entendre passer un petit scooter qui roulait en si. une moto peut émettre un do (voire un si très grave si c’est une harley ;O)). la note monte au sol dièse grave (en accélération) si c’est un t-max ou au sol dièse aigu si c’est une 125 qui prend des airs de sportive. mais la note n’est par définition, pour un véhicule, jamais figée. du coup, on peut entendre toute la gamme dans la rue.

la voix oscille forcément au gré du discours ou des émotions. ainsi la mienne va du si au sol grave, descend jusqu’à un grave bien timbré si j’ai un mal de gorge mais pourra remonter jusqu’à un do dièse aigu sous l’effet d’une quelconque surprise. mon rasoir électrique, qui fonctionne sur accu rechargeable, produit un la grave quand il est rechargé (la tondeuse un grave). s’il commence à être déchargé, la note descend au fa très grave, ce qui est d’ailleurs assez marrant quand on essaie de l’imiter. il y a des travaux en ce moment, juste en face de mon bureau. la pelleteuse qui creuse la chaussée travaille au son d’un continu qui nuit à ma concentration. le marteau-piqueur émet une sorte de mi grave très désagréable. et les ouvriers de ce chantier s’interpellent d’un ré dièse aigu plutôt agressif.

je précise toutefois que ce sont les notes que j’interprète en fonction de ce qu’entend mon oreille, la tonalité étant sans doute plus haute ou plus basse d’un demi, voire d’un ton. et à propos de notes que j’ai en tête, l’acouphène qui monopolise mes oreilles depuis quelques mois maintenant est un sol très très aigu, continu et strident. mais ça, c’est une tout autre histoire…