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le dieu du carnage à la tour vagabonde
le dieu du carnage, yasmina reza, mise en scène georges guerreiro, int. carine barbey, marie druc, vincent bonillo, valentin rossier. la tour vagabonde, genève, jusqu’au 20 juin 2019.
l’argument
un garçon frappe à coups de bâton son camarade d’école. les parents des deux garçons se rencontrent…
… pour régler le litige. civilisés, bienveillants et conciliants dans un premier temps, les deux couples tentent de tenir un discours commun de tolérance policée qui s’envenime très vite pour sombrer dans un jeu de massacre.
l’avis
jubilatoire!! bien plus que l’adaptation ciné de polanski (2011), d’ailleurs. comme on sait ce qu’on va voir, les discours de circonstance et la politesse (même les longs silences) prêtent très vite à sourire, voire à rire. et puis, progressivement, les vrais visages se dévoilent, les faiblesses de chaque couple, leurs failles, leurs frustrations et leurs reproches apparaissent et les masques tombent. et tout part en vrille. dissimulés sous le vernis des bonnes manières, la superficialité des convenances vole en éclats. les personnages, déjà caricaturaux (l’écrivaine écolo, le grossiste raté, l’avocat pourri, la conseillère en gestion de fortune invisible pour tous qui tente d’exister en vomissant littéralement sur le livre de l’écrivaine, sans doute le personnage le moins intéressant des quatre), s’écharpent à coups de coups bas et de coups de gueule, les coups pleuvent et ça fait mouche à tous les coups. comme quoi la méchanceté peut être drôlissime, il suffit d’un bon texte et de bons acteurs.
j’adore ces entretueries, qu’elles soient amicales ou familiales, théatrales ou cinématographiques. attentif à l’écriture, j’aime voir comment l’auteur arrive à ses fins. si l’exercice n’est pas nouveau (les exemples pullulent – week-end en famille (jodie foster, 1995), festen (thomas vinterberg, 1998), la bûche (danièle thompson, 1999), le prénom (alexandre de la patellière, mathieu delaporte, 2011), un été à osage county (john wells, 2013), le juge (david dobkin, 2014), etc., etc.), il est ici parfaitement orchestré. un bonheur d’autant plus grand qu’il était mis en scène dans ce théâtre génialement atypique.
deux mots sur l’auteure…
yasmina reza est née à paris en 1959. auteure acclamée, sa production est variée et englobe théâtre, romans et scénarios. elle a écrit notamment art, son premier succès international (1994), conversations après un enterrement (1987) et babylone (2016). traduite dans 35 langues, elle a reçu des récompenses prestigieuses, comme le prix renaudot, le laurence olivier award et le tony award.
deux mots sur la tour vagabonde…
c’est encore son directeur, valentin rossier, également comédien, qui en parle le mieux: « une structure de bois, élisabéthaine, circulaire et mobile. une salle de théâtre qui nous sort radicalement de nos habitudes, éloignée de tous les standards actuels, qui favorise un rapprochement, une interaction entre acteurs et public. » pendant deux mois (jusqu’au 20 juin), et après cyrano à la plaine de plainpalais, en novembre 2017, la tour vagabonde a proposé au parc trembley, à genève, trois oeuvres du répertoire français (les précieuses ridicules, molière, l’île des esclaves, marivaux et le dieu du carnage, yasmina reza). précipitez-vous la prochaine fois qu’elle sera par chez nous…
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