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soirée des molières 2015
je sais, ça fait genre super-longtemps que s’est déroulée (sur un tapis rouge) cette soirée et que tout le monde est passé à autre chose. je ne vais tout de même pas vous raconter ce qui m’est arrivé, si? j’aurais l’air de m’excuser.
bon mais je vais quand même vous raconter…
le lendemain matin de ladite soirée, j’embarque pour un vol en orbite dans un engin spatial réservé à quelques milliardaires (oui, j’ai pas l’air). le vol ne doit durer que 40 minutes au départ du grand-saconnex (commune jouxtant genève, pour mes fidèles lecteurs de nouvelle-calédonie et d’alaska qui n’auraient pas la chance de connaître notre belle cité de calvin). le compte à rebours se passe bien (comme souvent), pas de problème au décollage non plus, si ce n’est peut-être que ça fait ressembler à une vieille rombière liftée (au passage, je me suis toujours demandé comment ils faisaient pour ne pas dévaster le quartier avec leurs décollages), et nous voilà, en deux coups de cuillère à pot, dans la stratosphère en train d’observer notre chère planète. magique! seulement voilà, au moment d’entamer la descente (40 minutes, c’est trop court quand c’est très beau), something went horribly wrong, comme on dit dans les mauvais films d’horreur. pensez, la vitesse est tout de même de 22 000 km/h, quand SOUDAIN… une voix, à la tour de contrôle, sise chemin du pré-carbeux (peu de gens le savent), nous annonce que l’appareil a une légère avarie, oh, rien de grave, la coque protectrice, celle qui est censée nous protéger lors de l’entrée dans l’atmosphère, est un tout petit peu endommagée. on risque donc de mourir dans d’atroces souffrances, mais tout est sous contrôle, pas de quoi paniquer, ils dévient notre route. j’aimerais t’y voir, connard, me dis-je en mon for intérieur. et la voix de nous annoncer, imperturbable, que, du coup, le voyage risque de durer beaucoup plus lontemps que prévu, le temps que les secours russes viennent à notre rescousse (encore une redondance, m’ajoutai-je à l’intérieur de moi). mais, m’écriai-je (mémé, criai-je!), avons-nous assez de carburant pour tenir le temps qu’il faudra (c’est-à-dire un certain temps)? bon, je vous la fais courte et je vous passe les détails horribles qui parsemèrent cette épopée imprévue. du genre? si vous insistez… nous partîmes six, nous revînmes quatre, car, en cours de route et à court de vivres, nous en fûmes réduits à dévorer deux de nos compagnons. et quand je dis « nous », certains, rechignant à mélanger leurs fluides à ceux des autres préférèrent, plus souples, se manger le pied. quant à moi, écoeuré par ce spectacle répugnant, et gardant malgré tout une certaine éthique (quitte à rentrer étique), je me dis que j’avais de toute façon quelques kilos à perdre et que rien de tel qu’un bon petit régime pour se remettre sur pied. le cauchemar a duré 15 jours exactement, les russes ont fini par s’arrimer à notre engin pour réparer la coque défectueuse et nous permettre de faire un pied de nez, si j’ose dire, à la pénétration, toujours spectaculaire, de la couche stratosphérique. nous avons finalement atterri hier en héros, mais hagards (cornavin), sur le toit des nations unies. tout un symbole. de quoi? je me pose encore la question.
total, j’ai perdu deux semaines et voilà que je passe pour un has been de l’actu. mais l’important est que je sois vivant (hein? hein!) et que je livre à vos yeux impatients mon passionnant avis, celui que le monde entier attend, pas l’autre, celui dont tout le monde se fout. or donc, le voici, mon avis:
C’ÉTAIT VACHEMENT BIEN!
c’était vachement bien de provoc’ et de drôlerie, de courage et d’intelligence, d’hommages et d’écriture brillante!
c’était vachement bien de dépoussiérage (car, comme chacun sait, le théâtre, c’est un peu chiant, et d’ailleurs on se fiche de savoir qui était nommé et qui a remporté une statuette – « je remercie mon metteur en scène qui… » -, le spectacle était ailleurs)!
c’était vachement bien de voir des acteurs grimés (denis podalydès, françois morel), d’autres moins (sébastien thiéry tout nu), d’autres encore dans leur rôle (élie semoun), se prêter au jeu de la dénonciation façon 36e degré et de prise de conscience sans en avoir l’air!
c’était vachement bien de bruit dans cet immobilisme politique ambiant où les intermittents se rêvent permanents!
c’était vachement bien de SPECTACLE!
et puisqu’on en est aux avis, en voici un dernier: on a affublé molière d’un « s », banalisant par là même l’une des références, si ce n’est LA référence, de la culture française, le démajusculisant au point d’en faire un nom commun (« commun » comme « banal »). les césar n’en prennent pas, ce qui est à mon avis plus juste, même si le spectacle n’est jamais vraiment au rendez-vous. le très talentueux nicolas bedos a bien compris ce que spectacle signifie et a fait mieux que tous les maîtres de cérémonies, cinéma et théâtre réunis, antoine de caunes y compris, alain chabat et valérie lemercier exceptés (peut-être), en posant définitivement des jalons en deçà desquels toute remise de récompenses sera ennuyeuse.
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