alvin ailey american dance theater au new york city center

Alvin-Ailey-American-Dance-Theaters-Yannick-Lebrun-in-Robert-Battles-Takademe.-Photo-by-Andrew-Eccles

alvin ailey, c’était le maurice béjart américain. il a popularisé la danse moderne et a révolutionné la participation des afro-américains à des spectacles dansés dans la seconde moitié du 20e siècle. toutes ses chorégraphies sont des références et sa troupe a été officiellement nommée ambassadrice culturelle du monde, tant elle se produit dans le monde entier. son expression est née d’une…… condition. c’est une danse de combat qui, grande dans sa tête, s’affirme, vous toise et ne fait pas dans le joli. et pourtant, elle est belle à tomber, cette danse-là, elle vous impressionne, vous chamboule, vous bouleverse et vous laisse une impression durable. après avoir vu une danse comme celle-là, on se dit qu’elle a dû influencer quantité d’expressions artistiques de la rue, à commencer par la break dance.

je ne suis pas assez calé en danse moderne (en danse tout court d’ailleurs) pour articuler une critique intelligente sur le spectacle que j’ai vu hier soir au new york city center. mais, même si l’on n’y connaît rien, on peut tout de même être ouvert aux sensations. et je peux vous dire qu’avec cette troupe, chaque mouvement, chaque pas, chaque geste est une sensation forte car il envoie un message, délivre une image, communique un sentiment. influencée notamment par la gestuelle de la danse africaine, quasi tribale, la danse d’alvin ailey est revendicatrice, quasi militante. et on n’est dès lors pas surpris d’apprendre que l’homme était activiste. c’est aussi une danse baignée de spiritualité: la musique qui accompagne les tableaux s’inscrit dans une culture populaire noire où le negro spiritual, et donc l’invocation du seigneur, n’est jamais très loin.

revendicatrice, donc, mais professionnelle – et élégante – jusqu’au bout des orteils. cela se ressent dans le langage physique de chaque danseuse et de chaque danseur, certains plus « danse classique », d’autres plus « gymnastique », et dans la perfection de leurs mouvements. une maîtrise de l’expression à couper le souffle.

hier soir (3 janvier 2015), le programme tenait en quatre mots: grace, bad blood, revelations. quatre mots, trois tableaux, dix-huit danseuses et danseurs, deux heures de magie pure. des danseurs athlétiques, tous beaux comme des dieux, tous afro-américains (sauf deux, question de quota, sans doute :O)). grace raconte le voyage d’individus vers la terre promise et repose sur la musique de différents artistes, plutôt hip-hop, avec des rythmes qui donnent envie de se lever et de danser. trente minutes d’une pêche d’enfer à une cadence très soutenue. dans bad blood, énergie et passion englobent la guerre extrêmement puissante, mais aussi extrêmement tendre, à laquelle se livrent les deux sexes. la musique est signée notamment peter gabriel. revelations est la chorégraphie-signature d’ailey. créée en 1960, elle raconte comment la foi et la ténacité ont permis aux afro-américains de passer de l’esclavage à la liberté. avec un accompagnement musical allant des negro spirituals au blues.

depuis la disparition d’ailey en 1989, la compagnie a connu deux directeurs artistiques: judith jamison, danseuse vedette de la troupe depuis 1965, partie sous d’autres cieux et revenue à la demande de son maître pour présider aux destinées de l’ensemble, et robert battle, nommé par jamison en 2011 pour lui succéder. alvin ailey est aussi une école dispensant des cours de danse et de fitness aux adultes et une formation professionnelle de danse sur 3 ans ou plus.
alvin ailey ecole de danse
d’abord appelé the mecca temple, le new york city center a été construit en 1923 et abrite 2 257 places. son nom originel vient de son style néo-mauresque (on se croirait au grand rex à paris) et du fait qu’un ordre maçonnique, l’ordre arabe ancien des nobles du sanctuaire mystique (the shriners), y tenait leurs réunions secrètes. hier soir, la salle était pleine, en grande majorité d’afro-américains.
new york city center