soirée des molières 2016

je l’avais dit l’an dernier: par son écriture et son audace, nicolas bedos a définitivement (car brillamment) posé des jalons en deçà desquels toute remise de récompenses sera ennuyeuse. une chose, une seule, est donc à retenir de cette soirée 2016:…

… j’ai beaucoup regretté nicolas bedos.

avec son visage d’enfant sage issu d’une famille d’électeurs de droite, alex lutz, la prétendue nouvelle pointure du rire français et qu’on apprécie certes dans son rôle de catherine la secrétaire langue de pute sur canal+, alex lutz donc ne s’est pas montré, et de très loin, à la hauteur de son prédécesseur. la plupart du temps les yeux fixés sur son prompteur (qu’il ne lisait même pas correctement), le maître de cérémonie a manqué de rythme, de drôlerie, d’éclat, bref de presque tout. molière a dû se retourner plusieurs fois dans sa tombe, tant les « sketches » et les idées étaient insipides et sans drôlerie aucune (sauf celui de zabou, une vidéo volontairement mal jouée et adressée à l’académie, le seul qui ait bien fait rire la salle).

non, je suis mauvaise langue, en fait il y a eu deux autres « moments » à noter: l’idée de touchi-toucha, cet énorme noir monté sur segway chargé de vider les primés-qui-font-un-discours-de-remerciements-supérieur-à-une-minute et qui venait, avec la régularité d’une montre suisse, toucher du bout du doigt les joues, les épaules, la tête ou les bras des comédiens en plein discours pour leur signifier de partir. le seul black de la soirée relégué au rang de videur, les défenseurs des minorités ont apprécié. l’idée a fait un peu rigoler, sauf peut-être catherine frot, venue chercher sa statuette (molière de la comédienne dans un spectacle de théâtre privé) pour son rôle dans fleur de cactus, qui s’est plainte après coup. l’autre idée, c’était un tableau, bourré de poésie, de 20 000 lieues sous les mers (d’ailleurs récompensé par le molière de la création visuelle), de christian hecq et valérie lesort. fait assez inhabituel, alex lutz, maître de cérémonie, a quitté son rôle l’espace d’un instant pour entrer dans celui du nommé-récompensé du molière de l’humour.

à part ça, la soirée a été ce que j’appellerais une soirée-kloug: longue et molle. comment voulez-vous avoir envie d’aller au théâtre après ça?