redondance, quand tu nous tiens…
en linguistique, la redondance (qui n’a rien à voir avec la répétition, figure de rhétorique) permet d’apporter une information déjà donnée sous une autre forme, afin de s’assurer de sa bonne transmission. c’est comme dans tout, elle se justifie quand elle est volontaire. autrement, elle devient verbiage ou superfluité. et dans le langage courant (parlé, s’entend), on utilise la redondance à longueur de phrases, mais davantage par tic que de manière raisonnée…
… la redondance est communément admise lorsque d’un politicien on dit que « l’avis a pesé d’un grand poids dans une décision ». elle est déjà plus critiquable lorsqu’on l’entend de la bouche même de celles et ceux qui sont censés transmettre et perpétuer une langue française de qualité (au hasard les
journalistes). le cas n’est pas rare (et c’est une litote).
ainsi assiste-t-on impuissant à des « puis ensuite… » (la plus récente), des « comme par exemple… » (la plus connue), des « car en effet… » (la plus chiraquienne), des « incessamment sous peu… » (la plus énervante, car dite systématiquement sur le ton de la connivence, genre « je sais que c’est faux, mais je le dis quand même »), des « collègues de travail » (la plus quotidienne) et autres « monter en haut… » (la plus classique).
il y a aussi la comique « au jour d’aujourd’hui… ». comique car, si on y réfléchit deux secondes, « aujourd’hui » signifiant déjà « au jour de ce jour », « au jour d’aujourd’hui » voudrait donc dire « au jour d’au jour de ce jour ». double-redondance, donc.
et que dire de la fameuse et néanmoins romande « il y a deux ans en arrière… »? je me suis toujours étonné de ce que personne, jamais, ne songerait à dire « dans deux ans en avant… ». alors pourquoi diable cet « en arrière », pour insister lourdement sur le caractère passé de l’événement? je serais ravi d’entendre ne serait-ce qu’une théorie rationnelle, et pourquoi pas étymologique, à ce tic de langage, si tant est qu’il y en ait une. après tout, il n’est pas inconcevable de penser que les romains peuplant – colonisant, devrais-je dire – l’helvétie utilisaient déjà cette expression et que, connaissant les romands pour leur conservatisme, « en arrière » n’est autre que la survivance d’une locution latine??? naaaan, j’y crois pas!!! ou alors c’est un emprunt à l’anglais??? naaaan, j’y crois pas non plus!!! au suédois, peut-être? je ne comprends rien au suédois, à part peut-être « god jül » qui fleurit à longueur de pages dans les catalogues ikéa à l’époque des fêtes…
quand je demande à certains pourquoi ils disent tout le temps « il y a 2 ans en arrière », ils me regardent immanquablement d’un air (offusqué) de dire « quoi, monsieur le puriste? ». d’autres répondent qu’ils n’avaient « jamais fait gaffe ». mais curieusement, il ne leur viendrait jamais à l’idée de coucher l’expression sur le papier. et pourquoi proscrivent-ils dans la langue écrite ces tics mêmes qu’ils pratiquent constamment dans la langue parlée? il y aurait donc une conscience sous la paresse? insondable mystère de la langue et de l’inexplicable mais systématique incohérence des hommes (et des femmes)…
Commentaires récents