tout fout le camp, ma brave dame!

en principe, je dis bien en principe, outre celle de rapporter les faits le plus objectivement possible, les journalistes ont à mon sens également pour mission de le faire dans le respect de la langue française, c’est-à-dire en ne cédant pas à la facilité. ainsi entend-on trop souvent, à la télé, comme à la radio d’ailleurs, des horreurs du type:…

les essplications decinq cent heurosla découverte a été mise à jourles ztazunis

et les exemples sont nombreux.

même dans la pub! dans un spot tv vu ce matin sur une chaîne française, j’ai pu lire « l’idée maline…« 

la biscotte m’en est tombée des mains. aussi tiens-je ici à féliciter personnellement et chaleureusement le rédac’ qui a pondu cette énormité. ah si, bravo! j’espère juste que ce n’est pas le créatif d’une agence qui a commis ça, mais plutôt un client qui a fait sa pub tout seul, auquel cas l’honneur de la profession en général et des concepteurs-rédacteurs en particulier sera sauf. et j’exagère à peine. ce qui m’atterre, dans ce genre de coquille (et entre « coquille » et « couille », il n’y a qu’un « q »), c’est que PERSONNE ne l’ait vu: entre les responsables de l’agence, le client, le réalisateur du spot, les gens de la production et de la post-production, ce qui, si on fait un rapide calcul, devrait totaliser au minimum 10 personnes ayant eu le script et le produit fini sous les yeux.

mais finalement, quand on réfléchit, on constate que c’est assez symptomatique.

le hic, c’est que même si nombreux sont ceux qui écrivent « maligne » juste, beaucoup le prononcent faux. si bien que cela finit par « polluer » l’oreille et que l’on finit par croire que c’est juste, jusqu’à influencer l’orthographe. le risque dans tout ça, c’est que la langue s’appauvrisse. et je trouve cela consternant. malgré et contre ceux qui prétendent que « ça fait partie de l’évolution d’une langue ». puriste, moi? sans être intégriste, oui, et je le revendique, et tant pis si c’est un combat d’arrière-garde.

voici deux exemples: 1. certains oto-rhino-laryngologistes s’intitulent désormais « spécialistes nez-gorge-oreilles »; 2. j’ai vu un jour dans un supermarché un écouvillon ou goupillon dans le rayon « articles de ménage ». il avait été renommé « nettoie-bouteilles ». il est vrai qu’écouvillon est un mot extrêmement difficile à prononcer et à retenir surtout! et puis quel besoin a-t-on d’appeler toujours les choses par leur nom quand une bonne tournure périphrastique est comprise plus immédiatement par le plus grand nombre. voilà, le mot est lâché: le plus grand nombre. car c’est bien souvent en son nom que les gens de marketing (mais pas seulement, le dictionnaire se fait également l’écho du quotidien en laissant entrer dans ses colonnes des acceptions naguère contestées, comme le fameux « se rappeler de quelque chose ») tirent toujours plus vers le bas la qualité ou la rigueur, sous le faux prétexte que l’idée ou le mot ne seront pas compris. on préfère abaisser la qualité que d’éduquer à la qualité.

si je suis d’accord que la langue évolue, car c’est précisément ce qui fait qu’elle est vivante, je ne suis pas d’accord de l’appauvrir, et tant pis si je passe pour un rétrograde. à ce titre, je trouve la pratique de l’emprunt ou celle du néologisme, qu’il soit audacieux ou qu’il « sonne » barbare (impactant, prioriser), bien plus dynamique que celle de la périphrase médiocratisante (celui-ci est de moi ;O)).

qu’on se le dise…