sophie calle à la biennale de venise

j’ai l’air, comme ça, de connaître sophie calle, mais avant de voir son exposition à la biennale de venise, je ne la connaissais ni des lèvres ni des dents. c’est une artiste plasticienne, photographe écrivain et réalisatrice française née en 1953. depuis 30 ans, son travail d’artiste consiste à faire de sa vie, surtout les moments les plus intimes, son oeuvre en utilisant tous les supports possibles (vidéo, photo, livre, film, performance, etc.). en 1979, par jeu, elle demande à des personnes de venir dormir dans son lit afin que celui-ci soit occupé pendant huit jours sans discontinuer. elle photographie les dormeurs et consigne les éléments importants de ces brèves rencontres. son travail retient l’attention d’un critique (mari de l’une des dormeuses) qui l’invite à la biennale des jeunes de paris en 1980. plus tard, elle dira que c’est lui qui a décidé qu’elle était une artiste. dès lors, le travail de sophie calle consiste à créer des passerelles entre la vie et l’art*…

* source: wikipédia

mais revenons à son exposition de la biennale de venise, dans le pavillon français. l’expo part d’un e-mail d’adieu qu’elle a reçu d’un de ses amants. ne sachant y répondre, elle décide de confier à 107 femmes* la tâche d’interpréter (dans tous les sens du terme) cette lettre sous l’angle de leur profession. quand l’impuissance devient démarche artistique et, au passage,
« thérapie ». parfois drôles, toujours surprenants, les « témoignages » de ces femmes contiennent ce qu’il fallait de décalé (la criminologue dresse le profil de l’auteur du mail, comme s’il s’agissait d’un serial killer, l’ado se fent d’un sms ultralaconique, l’écrivain pour enfants enrobe cette triste lettre d’un « il était une fois », la tireuse d’élite laisse trois trous sur la feuille, la correctrice fait son boulot, elle corrige les fautes, etc., etc.) pour rendre l’exercice intéressant et la thérapie efficace.

mais il était intéressant de noter que, parfois, la femme reprenait le dessus sur la professionnelle et qu’elle donnait libre cours à une critique plus personnelle. du coup, l’explication de texte très juste mais scolaire de la normalienne mazarine pingeot ou l’analyse très pointue du rythme des phrases réalisée par une stylisticienne côtoyaient le profil de serial killer que l’auteur, une criminologue, avait agrémenté de mentions (« cet homme est dangereux ») ou la lettre de la mère (de l’artiste) qui conseillait à sa fille d’oublier ce sale type!

sur le moment, je n’ai pas compris en quoi cette expo s’insérait dans une biennale dédiée à l’art contemporain. jusqu’à ce que je m’informe sur son auteur. expo intéressante, donc, mais que seuls celles et ceux qui parlent français pouvaient apprécier à sa juste valeur.

* j’en ai noté cinquante-sept:

une diplomate,
une latiniste,
une chef d’édition,
une journaliste d’agence de presse,
une experte des droits de la femme à l’onu,
une psychanalyste,
une officier traitant de la dgse,
une traductrice,
une correctrice,
une chasseur de têtes,
une traductrice en langage sms,
une chercheuse en lexicométrie,
une conservatrice du patrimoine,
une compositrice,
une graphiste,
une criminologue,
une philologue,
une normalienne (mazarine pingeot),
une écrivain (christine angeot),
une écrivain publique,
une écrivain pour adultes,
une écrivain pour la jeunessse,
une scénariste,
une chansonnière,
une experte en savoir-vivre,
jeanne moreau,
arielle dombasle,
amira
casar,
victoria abril,
michèle laroque,
maria de medeiros,
une actrice italienne,
une actrice anglaise,
une actrice sourde (emmanuelle laborit),
une sténographe,
une spécialiste du morse,
une spécialiste du braille,
une spécialiste des codes barres,
une juge,
une avocate,
une danseuse indienne,
une danseuse classique,
une dessinatrice,
une institutrice,
une ado,
une petite fille,
une tireuse d’élite,
une stylisticienne,
une exégète talmudique,
la mère (de l’artiste),
une magicienne,
guesch patti,
sapho,
nathalie dessay,
une humoriste,
une cacatoès (brenda),

beaucoup ont été filmées pendant leur interprétation…