
les 39 marches
à l'origine, les 39 marches est un roman d'espionnage de john buchan (1915) qui fut porté à l'écran par alfred hitchcock en 1935 (suivi de deux remakes en 1959 et 1978). adaptée par gérald sibleyras et mise en scène par éric métayer, l'histoire est celle, classique, de richard hannay qui découvre un cadavre dans son salon. hannay est poursuivi par une organisation criminelle et devra,…
… pour s'en sortir, découvrir ce que sont ces fameuses 39 marches.
sauf qu'ici le style est déjanté. c'est un doux mélange de jerry lewis et de tex avery, où l'humour paraît parfois comme filmé en accéléré pour accentuer l'effet comique. le procédé fait rire car il surprend, aussi par l'utilisation d'accessoires fauchés mais placés de façon judicieuse. c'est ce qui a fait la renommée de la pièce et lui a valu le molière 2010 de la meilleure pièce comique. les 39 marches est donc antérieur à train fantôme (donné à la gaîté montparnasse), que j'ai vu le mois dernier, également mis en scène par métayer avec une autre troupe tout aussi talentueuse.
métayer nous transporte donc ici dans un pastiche du film d'espionnage, avec tout ce qu'il faut de situations rocambolesques, de personnages débiles et de vilains méchants allemands tendance nazis. bref, la matière classique mais idéale pour faire hurler de rire.
or, déception. si l'on rit effectivement, on est très loin de la qualité de train fantôme.
tout d'abord par l'écriture, dont l'efficacité n'est pas vraiment au rendez-vous. les 10 premières minutes sont chiantes, il ne se passe rien et les dialogues ne sont pas bien écrits. ensuite par le jeu des comédiens, surtout les accents allemands, qui ne sont pour la plupart pas bien imités (et donc pas très drôles). les membres de l'autre troupe sont polyvalents et le montrent vraiment. mais sans doute les rôles s'y prêtent-ils mieux? une mention spéciale tout de même à kévin métayer, fils du metteur en scène, vraiment excellent et dont la performance multirôle se situe très nettement au-dessus de celle de ses camarades.
enfin par le procédé. ce qui fait le charme de train fantôme – les bouts de ficelles comme levier comique, mais exécutés avec qualité – sont ici vraiment des bouts de ficelles, si bien que l'ensemble ressemble à un spectacle d'étudiants fauchés, ce qui n'est pas un problème en soi du moment que la qualité rattrape le manque (même involontaire) de moyens. train fantôme était drôle et foldingue 95% du temps, les 39 marches l'est environ 35% du temps.
dommage car le sujet est sympa et se prêterait normalement à un bon délire. peut-être métayer devrait-il revoir l'écriture pour la rendre beaucoup plus punchy et/ou repasser dans un théâtre qui tient moins du petit café-théâtre de quartier.
les 39 marches, mise en scène éric métayer, avec christophe de mareuil, kévin métayer, laura presgurvic et charles templon. théâtre des béliers parisiens, 18bis, rue sainte-isaure, 75018 paris.
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