mars 04

les king’s singers à l’opéra de lausanne

King's singers

les king's singers se produisaient hier dans l'acoustique un peu sèche de l'opéra de lausanne pour un concert "anniversaire". pas le leur, mais celui de trois compositeurs dont quelques pièces formaient le programme: carlo gesualdo (400ème anniversaire de la mort), benjamin britten (100ème anniversaire de la naissance) et francis poulenc (40ème anniversaire de la mort)…


… ça c'était pour la première partie. car comme toujours avec les king's, leurs concerts s'articulent autour de deux parties: l'une "académique", "sérieuse", avec partitions, l'autre plus "fun", sans partitions, où les six chanteurs se lâchent et laissent parfois libre cours à une gestuelle ponctuant le texte, toujours surprenante pour des interprètes de ce niveau, mais toujours dans les limites d'une certaine mesure toute britannique. hilarant.

hier, c'étaient un extrait du cinquième livre de madrigaux de gesualdo, des mélodies extraites du cycle sacred and profane (chantées en moyen anglais) de britten et des mélodies extraites de huit chansons françaises de poulenc. et, en seconde partie, des chants populaires britanniques, truculents et drôles.

quand on sait à quel point ces musiques sont difficiles à interpréter tant elles regorgent de technicité et de dissonances, constituant un vrai défi pour tous les chanteurs qui s'y sont frotté, ne serait-ce que pour attraper une note d'attaque ou pour être "juste" dans la dissonance, et qu'on voit à quel point les king's sont à l'aise dans cet exercice (dans TOUS les répertoires, d'ailleurs), on ne peut que rester abasourdi par tant de maîtrise dans la technique et d'élégance dans l'interprétation.

j'ai particulièrement aimé: mercè grido piangendo de gesualdo, très différent de la version de sigismondo d'india, mais tout aussi beau; i mone wax wod de britten, aussi étrange par la musique que par le texte (il y a des oiseaux dans le bois, des poissons dans la rivière et je deviens fou); et ah! mon beau laboureur de poulenc, savoureux par tant par la composition, par l'interprétation que par le texte (pour qui soupirez-vous, marguerite ma mie? / je soupire pour vous et ne puis m'en dédire / les voisins nous ont vus et ils iront tout dire / laissons les gens parler et n'en faisons que rire / quand ils auront tout dit n'auront plus rien à dire).

les king's singers ne sont plus tout à fait les mêmes que lorsque je les ai découverts à lucerne en 2009. robin tyson (contre-ténor, 2001-2009), stephen connolly (basse, 1987-2010) et enfin le compositeur et arrangeur philip dawson (baryton, 1993-2012) ont quitté l'ensemble pour se consacrer à des activités d'enseignement notamment. david hurley (contre-ténor) est aujourd'hui le plus ancien, immédiatement suivi de paul phoenix (ténor) et de christopher gabbitas (baryton). parmi les nouvelles voix, citons, par ordre d'arrivée dans le groupe: timothy wayne-wright (remplaçant robin tyson), jonathan howard (basse, remplaçant stephen connolly) et, le petit dernier, christopher bruerton (baryton, remplaçant philip dawson). j'ai un peu la nostalgie de cette première découverte au kkl de lucerne. ma voix de prédilection, la basse, incarnée par connolly, était à la fois timbrée, puissante et flamboyante. howard n'a ni la puissance ni la tessiture de son illustre prédécesseur. mais il ne démérite pas pour autant, s'intégrant parfaitement au groupe et enrichissant l'harmonie d'ensemble.