
race
de david mamet, mise en scène pierre laville, int. yvan attal, alex descas, sara martins, thibault de montalembert. 120'. 3 pouces.
un cabinet d'avocat se demande s'il doit défendre un milliardaire blanc accusé d'avoir violé une jeune femme noire dans une chambre d'hôtel à new york.
la pièce fait bien sûr penser à l'affaire dsk, mais, si extraordinaire soit-elle tant la ressemblance est frappante, c'est une coïncidence car elle a été montée à broadway en 2009. de racisme il est bien sûr question, mais plus que cela, c'est de préjugés et de bonne conscience que parle david mamet, et il amène progressivement ses personnages à s'empêtrer dans leurs propres contradictions.
un avocat blanc, jack lawson (attal), un avocat noir, henry brown (descas) – mamet donne volontairement à ses protagonistes des noms caricaturaux pour bien marquer les stéréotypes -, une avocate stagiaire noire, susan (martins) et un milliardaire blanc, charles strickland (de montalembert). chacun campe sur ses positions, influencé par son milieu socio-culturel, jusqu'à ce que, imperceptiblement, le doute s'insinue et les certitudes se délitent, jusqu'à ce que les véritables desseins éclatent au grand jour, même de la part de ceux que l'on pensait sinon irréprochables du moins animés de bonnes intentions. lawson a-t-il engagé susan parce qu'elle est douée ou parce qu'il avait peur qu'on le taxe de racisme s'il ne l'engageait pas? strickland veut faire une déclaration à la presse parce qu'il veut libérer sa conscience ou parce qu'il a peur que son image ne se dégrade davantage s'il ne réagit pas aux attaques?
j'ai le plus grand respect pour david mamet, pour la diversité et l'intelligence de son oeuvre. en l'occurrence, il pêche par excès d'intelligence. à vouloir trop montrer qu'il maîtrise son sujet, il donne à ses dialogues un côté didactique appuyé qui pointe un peu trop le doigt sur l'ignorance du spectateur et finit par ennuyer.
côté performance des comédiens, on reconnaît bien attal à son jeu et il est de loin le meilleur sur scène. les autres comédiens sont un petit cran au-dessous selon moi, descas surtout, qui récite un poil trop, martins et de montalembert ça va. c'est la première fois que je vois un décor de théâtre s'arrêter à une certaine hauteur pour laisser voir les tuyaux, les murs et les machineries des coulisses. volontaire? un contraste appuyant le propos en marquant l'opposition entre les apparences. un peu étrange mais pourquoi pas.
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