
sempé, un peu de paris et d’ailleurs
ça valait vraiment le coup de faire le pied de grue pendant une heure et demie (chrono). quel bonheur que cette exposition (pas toujours dans la scénographie cela dit, surtout au début de la visite)! c'est la première…
… rétrospective de cet artiste précieux et discret qui accompagne notre vie (mais que, comme moi, on connaît mal) depuis plus de 50 ans et qui invite à (re)découvrir sa "petite musique personnelle qu'il compose, inconsolable et gai, à coups de traits délicats".
tout, dans le regard et l'humour de jean-jacques sempé, n'est que poésie, douceur et tendresse. même quand il s'attaque à la bêtise de ses contemporains, à l'absurdité du quotidien ou à l'ironie de la modernité.
plus de 300 dessins sont ainsi visibles qui permettent de saisir toute la virtuosité d'une oeuvre à la fois critique et légère, contemporaine et intemporelle, en prise avec son époque et décalée. 300 dessins qui, "mystère de ce talent unique, invitent, mine de rien, à l'introspection".
sempé prend toujours ses distances avec le sérieux pour mieux appréhender, et donc restituer, ce "presque rien" si subtil, si vrai et si indispensable au recul qui nous fait souvent cruellement défaut. et il le fait toujours avec une élégance rare qui, immanquablement, nous fait sourire et, l'espace d'un instant, nous fait nous sentir un peu plus intelligent.
jean-jacques sempé est au dessin ce que jacques tati était au cinéma: un poète lucide, un contemplateur tendre mais jamais dupe. attention, il se peut que, devant le regard parfois délicieusement désuet qu'il porte sur "paris et ailleurs", la musique des vacances de monsieur hulot ou de mon oncle s'insinue dans votre tête. personnellement, j'ai retrouvé dans son oeuvre le paris (la ville en général) que j'aime, que j'ai toujours aimé et que j'aimerai toujours, un lieu idéal, dépourvu d'impuretés et qui apparaît dans toute sa singularité, sa beauté et sa poésie.
sempé est l'un des rares artistes français à collaborer à un magazine américain, et non des moindres puisqu'il s'agit de l'élégant et décalé new yorker, fondé en 1925 par harold ross et jane grant.
courez-y vite, il vous reste moins d'une semaine, mais préparez-vous à faire la queue longtemps, surtout samedi. sinon, il y a, par une autre entrée à l'hôtel de ville de paris, l'exposition sur robert doisneau jusqu'au 28 avril, tout aussi gratuite mais que, bien sûr, je n'ai pas pu voir tant il y avait de monde.
sempé: un peu de paris et d'ailleurs. jusqu'au 31 mars. entrée libre de 10h à 19h. hôtel de ville, rue de lobau 5, 75001 paris.
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