
giacometti et les étrusques
il y a en ce moment à la pinacothèque de paris (derrière le temple de la madeleine) une exposition-événement, comme on dit, sur le sculpteur alberto giacometti et les étrusques. d'où le titre de cet article. elle met en parallèle l'influence que ce peuple a exercée sur l'oeuvre de l'artiste suisse. cinquante ans que les amateurs et les spécialistes l'attendaient! et la voilà. très tôt, …
… giacometti manifeste un vif intérêt pour l'art primitif en général et la figure primitive en particulier et, très tôt, on en trouve trace dans son oeuvre. sarcophages sculptés, figures guerrières et personnages longilignes forment ainsi l'art riche et divers de cette civilisation qui peupla, du 10ème au 5ème siècle avant j.-c., le territoire situé entre la plaine du po et le nord du latium, soit en gros l'actuelle toscane.
or donc, giacometti est si impressionné par ces figures longilignes qu'il découvre au louvre (tiens, ça allitère) et lors d'une expo – l'art et la civilisation des étrusques – en 1955 à paris, qu'il décide de sculpter… la même chose! ainsi ses célébrissimes femme de venise et homme qui marche, sculptures qui feront sa renommée mondiale, ne sont en fait que la copie d'une sculpture emblématique du monde étrusque portant le nom poétique d'ombre du soir. datant du 4ème siècle avant notre ère et, du coup, étonnante de modernité, l'oeuvre relègue alberto giacometti au rayon des joe lapompe. picasso disait qu'un grand artiste copie et qu'un très grand artiste vole. giacometti devait un très très grand artiste car il a fait les deux. ou je ne m'y connais pas.
d'ailleurs, c'est vrai que je n'y connais rien en art. et qui suis-je pour venir remettre en question l'avis éclairés (il devait faire nuit noire ce jour-là) des cohortes d'experts, de critiques et de collectionneurs qui ont mis l'artiste sur un piédestal? au risque d'en choquer plus d'un, je m'étonne qu'on encense ce type pour son talent, son génie et sa force créative. je me marre quand je lis qu'on ne peut saisir les clés de l'oeuvre de giacometti sans référence aux sculptures étrusques. tu m'étonnes. je suis sans voix devant cette expo qui, au fond, met le doigt sur le plagiat de ce type que les gens "informés" font passer, l'air pénétré et le sourcil froncé, pour génial. en plus, ils nous mettent des livrets d'exposition, des livres, des magazines sur lesquels giacometti passait son temps à reproduire ce qu'il voyait. je faisais ça quand j'étais petit: j'adorais recopier les bd que je lisais: astérix, journal de mickey, tout ce qui me tombait sous la main, non sans une certaine patte, ajouterai-je. mon frère se moquait de moi. et j'ai fini par arrêter. j'ai eu tort. qui sait, j'aurais persévéré, j'aurais peut-être accédé à une notoriété internationale. vous imaginez, il y aurait aujourd'hui des expositions intitulées giamarchi et mickey ou giamarchi-uderzo: une même vision. je serais peut-être même exposé au moma à new york. pfff, quand je pense, ces vocations tuées dans l'oeuf…
à part ça, j'en entends déjà qui vont me dire "et toi, tu te crois original avec tes campagnes de pub, p'têt'?" et je leur donne entièrement raison: la création (publicitaire en l'occurrence) n'est souvent que du recyclage plus ou moins intelligent, plus ou moins talentueux. on le voit dans la pub, on le voit dans la mode, on le voit au cinéma, pour peu qu'on ait l'esprit l'esprit un peu critique, car il est très difficile d'innover (surtout avec la plupart des clients, mais c'est un autre débat). la différence, c'est qu'on n'érige aucune statue à ma gloire et on n'a jamais fait de moi (que je sache) une star mondiale de la pub en vantant mon talent exceptionnel (même si j'aimerais bien, remarquez). je devrais peut-être me mettre à plagier éhontément les plus grands, ça me rapporterait peut-être quelque chose.
c'est marrant d'ailleurs, car la pub doit bien être le seul domaine "artistique" où les plagiaires sont immédiatement repérés et épinglés. ici pas d'"hommage", la référence plus ou moins directe est tout de suite considérée comme copie, moquée et montrée du doigt. dans d'autres domaines, on plagie sans problème et on passe pour "un génie qui rend hommage". ici tarantino (je ne vais pas m'aventurer sur ce terrain glissant), là giacometti.
cette fin de parenthèse m'amène à conclure en ajoutant qu'en plus, l'expo est loin d'être agréable à visiter: l'endroit (la pinacothèque) est bien trop exigu pour la masse énorme d'informations qu'il y a à lire (ce qui, en soi, est plutôt signe de richesse, mais qui, quand il y a un monde fou, se révèle être contre-productif). elle mériterait un lieu plus vaste ou, mieux (et je sens que je vais me faire des amis), une belle place au musée de la contrefaçon…
désolé, mais là ça ne passe pas… but hey, what the fuck do i know?!
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