décembre 06

edvard munch: l’oeil moderne

Edvard munch - l'oeil moderne

l'homme de la rue, au hasard… moi, ne connaît d'edvard munch (prononcez "mounk") que son célébrissime le cri, toile qu'il peignit en 1893 pour représenter l'angoisse existentielle de l'homme moderne. l'homme de la rue pense que munch le norvégien (1863-1944) était un être solitaire, tourmenté et uniquement préoccupé par son univers intérieur. l'homme de la rue est donc…


… très peu informé du fait que munch, en fait, voyageait, s'intéressait à la photo, allait au cinéma, lisait la presse internationale, n'hésitait pas à se rendre sur les lieux d'un incendie pour le reproduire sur toile, filmait la vie dans les rues de sa ville, bref qu'il était en prise directe avec le monde et sa réalité. certes, le début du 20ème siècle marque une rupture dans son oeuvre. les spécialistes hésitent entre 1902, année à laquelle il a une violente dispute avec sa maîtresse au cours de laquelle un coup de feu est tiré qui lui emporte une phalange, et 1908, année à laquelle il séjourne en clinique pour des troubles nerveux.

découpée en 12 segments thématiques, l'exposition présente ainsi l'évolution, mais moins en termes de nouveauté qu'en termes d'intensité, d'un artiste considéré par certains comme éminemment moderne. en effet, munch aime à reprendre, parfois à satiété, les thèmes ou les sujets qu'il a déjà abordés pour les replacer dans un autre contexte, posant une question majeure pour l'art au 20ème siècle: où est la place de la peinture, à l'heure de l'image reproductible? en ce sens, l'exposition est moins une rétrospective qu'un passage en revue des aspects de la modernité de munch, notamment à travers le dialogue constant qu'il a entretenu avec les différentes formes de représentation de son époque: le cinéma, la photographie, la carte postale, la presse illustrée, etc. intéressante, la partie "troubles de la vision" montre la retranscription fidèle de ce que voit l'artiste à travers son oeil droit atteint d'une hémorragie. symptomatique, celle intitulée "le regard retourné" où, animé du désir d'enregistrer l'effet du temps qui passe, l'artiste se livre à l'exercice de l'autoportrait, à raison d'un par an, pour l'intensifier vers la fin de sa vie. riche autobiographie visuelle illustrant le précepte de la bohème littéraire norvégienne du 19ème siècle dont le premier commandement était "écris ta vie!", edvard munch: l'oeil moderne permet de (re)découvrir un artiste symboliste à tendance expressionniste disparu la même année que deux autres figures du modernisme: piet mondrian et vassily kandinsky.

edvard munch: l'oeil moderne, centre pompidou, galerie 2, niveau 6, tous les jours sauf le mardi de 11h00 à 21h00 (nocturnes les jeudis jusqu'à 23h00), jusqu'au 9 janvier 2012. entrée: €10.-.