
michel boujenah à genève
michel boujenah était vendredi soir au théâtre du léman pour une unique représentation (à genève, après une pause dans sa tournée) de son nouveau spectacle enfin libre! je ne l'avais jamais vu sur scène, c'était…
… une excellente occasion.
l'artiste de définir son spectacle ainsi: "après pratiquement trente ans de scène en solitaire et après avoir découvert le plaisir de changer, d'improviser et d'inventer tous les soirs des prolongements au texte écrit, j'ai décidé de faire un nouveau spectacle où je serai en liberté. j'aborderai les rapports entre les hommes et les femmes, la difficulté d'être soi-même, de s'accepter comme on est, grand ou petit, beau ou laid, et de trouver où se cache la véritable beauté d'un être humain. je ne pourrai m'empêcher de naviguer entre la foule de personnages que j'ai inventés et moi-même. je reviendrai à mes rapports au théâtre classique et je reparlerai encore une fois de shakespeare, de racine ou de corneille. s'il me prend l'envie, au cours des répétitions, de dire un poème, je le ferai; et si je veux demander au public de m'aider à comprendre le mode d'emploi de mon téléphone, je leur lirai tout le texte, et si jamais un spectateur comprend ce qui est écrit dans ces notices insupportables, je l'enverrai à stockholm prendre un prix nobel."
une approche réjouissante, même si on a tout le long l'impression d'avoir déjà vu ce spectacle: mêmes thèmes (amour et tolérance), mêmes personnages (cousins, épouse, amis d'enfance), même accessoire (son fameux chapeau, mais sans la chemise rouge). mais pas grave, c'est le boujenah qu'on aime: présenté non pas comme une suite de sketches mais comme un long monologue (interrompu seulement par deux noirs), enfin libre! est riche et drôle. une heure et demie de rhétorique qui fait mouche et de vérités (très d'actualité, en france et ailleurs) assenées sans lourdeur et commencé avec beaucoup de "métier" (le genre à vous chauffer une salle, pourtant pas pleine, en cinq minutes chrono à peine).
là où des stéphane guillon nous font un peu bâiller dans le registre du méchant provocateur (et parfois gratuit) finalement pas très drôle (c'est une opinion personnelle), michel boujenah, lui, même lorsqu'il pousse des coups de gueule, même lorsqu'il s'en prend directement au public dans de (trèèèès) longues digressions, dénonce toujours avec une grande tendresse. eh bien moi, à tout prendre, je suis client de ce regard qui, pour être plus doux, n'en est pas moins lucide, je suis preneur de cette approche qui, pour être humaniste, n'en est pas moins efficace.
oui, j'aime ce mélange de rire, d'émotion et de réflexion, car il fait un bien fou.
Commentaires récents