la r’vue 2010
qu'il est loin le temps des revues signées naftule où joseph gorgoni lançait son personnage de marie-thérèse porchet, où thierry meury venait faire sa revue de presse acerbe et où "l'ancêtre" jo-johnny faisait vivre, l'espace de quelques courtes apparitions, le fameux gnolu! qu'elles étaient populaires, (im)pertinentes et irrévérencieuses, ces revues-là! ciselées, les répliques faisaient mouche à chaque coup et on passait un excellent moment. et puis…
… le niveau a commencé à baisser. les dernières de naftule gagnèrent en nudité ce qu'elles perdirent en férocité (déjà en 2006), et nous rentrions ravis de nous être rincés l'oeil (surtout nous les mecs) mais déçus de n'avoir pas eu la bonne dose de satire que nous étions venu chercher. et puis naftule s'en est allé vaquer. ce qui n'est peut-être pas si mal car si l'auteur a du talent, l'homme commençait sans doute à être un peu fatigué.
philippe cohen a donc repris le flambeau et franchement, il n'y avait que lui dans la république pour le faire, lui dont le seul nom peut attirer les foules avec un sourire aux lèvres, et s'en tirer avec les honneurs. auteur, producteur, interprète, cohen est un habitué de l'improvisation et de la comédie. créatif, il a bonne réputation.
mais sa r'vue 2010, celle à laquelle j'ai assisté vendredi soir en tout cas, la deuxième qu'il cosigne avec gaspard boesch, ressemblait à un spectacle de collège ou de club med, dans des décors à 2 francs 25. les comédiens étaient bons (pas toujours bons chanteurs cela dit) mais ils étaient desservis par des textes pas toujours ciselés, pas toujours drôles (contrairement à ceux de naftule où l'on sentait à chaque réplique la volonté de mettre dans le mille). résultat: le bon mot était rare et la satire plutôt gentillette. de plus, le début, où il fallait installer le fil rouge de tout le spectacle, était un peu à la peine: un extraterrestre débarque chez nous pour analyser la situation et en révéler les défauts. armé d'une technologie de l'espace (un ipad), il mettait le doigt là où c'était censé faire mal.
il y a bien eu quelques bonnes idées – le sketch sur les travaux à genève, inspiré de la vie est belle de benigni ou celui avec titeuf, utilisant tous deux des techniques un peu inédites pour une revue – et quelques moments de franche rigolade – le sketch de liliane bettancourt venant déposer €78 millions ou celui de la démission de hanz-rudof merz et de moritz leuenberger. mais, sans vouloir être méchant, ce rire était déclenché moins souvent par les textes que par le fou-rire des comédiens. même les projections vidéo sur des surfaces blanches faisaient davantage cache-misère que réel procédé créatif. est-ce parce qu'ils ont manqué de moyens? les sponsors se sont-ils désistés (ils ont pourtant l'air nombreux sur le programme)?
au final, j'ai un peu ri, je suis un peu déçu (à l'instar de ces applaudissements qui se sont tus un peu vite) et je suis quand même un peu en colère d'avoir dépensé chf 65.- pour ça.
je sais, c'est facile de critiquer. mais quand on a été habitué pendant des années à une qualité élevée, il est toujours difficile de redescendre d'un, voire de plusieurs, cran.
la r'vue: demandez le programme!, depuis le 21 octobre 2010. casino-théâtre, 45, rue de carouge. mardi, mercredi, vendredi et samedi à 20h30, jeudi à 19h et dimanche à 17h.
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