
hopper à l’hermitage
fondation de l'hermitage, route du signal 2, lausanne. du 25.06 au 17.10.2010. du mardi au dimanche de 10h à 18h, jeudi jusqu'à 20h. entrée chf 18.-.
edward hopper (1882-1967) a mis plus de 20 ans à vivre de son art et, accessoirement, d'être reconnu. lui qui ne cherchait pas la gloire. peu de temps après sa formation à l'école de new york, il séjourne à paris en 1906-07. il y retournera deux fois sans y rester longtemps. le mauvais accueil critique de sa période parisienne l'incitera à ne plus jamais montrer…
… certains de ses tableaux (le soir bleu, exécuté pourtant quatre ans après son retour de la capitale française). lui qui est francophile, il dira à son retour de paris que tout, en amérique, lui paraît atrocement cru et grossier. il mettra des années à se remettre de l'europe. né à nyack (où a vécu russell crowe), au nord de new york, il s'installe définitivement dans la grande pomme, à washington square plus exactement, en 1908, et participe à sa première exposition collective. ses peintures parisiennes (le pont des arts, 1907, le pavillon de flore,
1909, le louvre pendant un orage, 1909, pour ne citer qu'elles) sont
exposées mais pas appréciées. en 1915, il réalise ses premières eaux-fortes et se fait connaître des critiques. pour gagner sa vie, il joue les dessinateurs, puis illustrateurs pour des agences de pub (l'exposition de la fondation de l'hermitage montre d'ailleurs quelques exemples de ce pan méconnu de la carrière de l'artiste), métier qu'il déteste.
la reconnaissance viendra dans l'entre-deux-guerres, en 1925, avec la maison au bord de la voie ferrée, puis avec tôt un dimanche matin, réalisé en 1930. il s'achètera sa première voiture à l'âge de 45 ans et mourra à 84, un an avant sa femme et unique modèle de toujours, josephine nivison, également peintre.
l'expo de l'hermitage révèle quelques toiles, et surtout des dessins, gravures et illustrations que je n'avais jamais vus jusqu'ici. j'aime la beauté des toiles de hopper, même si elle est terriblement triste, la simplicité brutale et dépouillée de son propos. j'aime la détresse contenue de ses personnages et la tension inquiétante, et pourtant si calme, de ses paysages. lui qui disait ne vouloir peindre qu'un rayon de soleil sur le pan de mur d'une maison (ville minière de pennsylvanie, 1947), il résume tout son art en une toile: la lumière et les couleurs chaleureuses, immédiatement contredites par un sentiment d'oppression indicible créé par le cadre – la solitude d'un homme au milieu de maisons emplissant tout le champ -, sentiment renforcé par l'écrasement des perspectives, donnant à l'oeil l'impression que la scène a été captée au téléobjectif. malgré la richesse de sa palette, la beauté de ses paysages, le réalisme de ses scènes, malgré l'érotisme que d'aucuns jugèrent flagrants de ses sujets féminins, on ne peut s'empêcher de quitter l'exposition avec un drôle de sentiment. c'est que hopper peint un désespoir universel, la conscience rivée au pinceau que, quoi que l'on fasse, où que l'on soit, même très entouré, on est seul. mais ça n'engage que moi…
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