septembre 20

robert longo au mamac

Nagasaki02

artiste complet né à new york en 1953, robert longo est guitariste, peintre, dessinateur,
vidéaste et sculpteur. il a également réalisé un film avec keanu reeves (johnny
mnemonic
). ses outils: le fusain et le crayon de graphite. son univers: principalement le noir/blanc (sauf pour l'oeuvre sculpturale et la série ophelia, 2002). son thème: la peur. pas celle du film d'horreur qui fait sursauter. celle du quotidien, compagne de la violence, bien plus effrayante car possible, proche de nous, et qui renvoie à l'absurdité humaine, souvent avec brutalité. il faut dire que la maîtrise du noir et blanc, tantôt…

… "impressionniste", à grand renfort de lignes floues, tantôt réaliste, au point d'en devenir quasi photographique, est pour beaucoup dans l'effet coup de poing que l'on reçoit dès la première toile. il faut dire aussi que le monumentalisme des oeuvres ne peut qu'accentuer l'effroi ou… l'émerveillement.

le danger, quand on traverse l'oeuvre de longo, c'est de passer à côté du message en restant accroché à cette beauté fascinante devant laquelle on reste bouche bée et qui, l'espace d'un instant, efface cet effroi. un peu comme quand on regarde un film de guerre où les soldats tombent sous les balles au ralenti. méfions-nous de la beauté graphique car l'élaboration virtuose pourrait davantage inciter le spectateur à en admirer la facture irréprochable qu'à éprouver leur supposée portée critique. quand longo dessine un champignon atomique (série the sickness of reason, nagasaki, b, 2003, notamment), une gueule de requin grande ouverte (série perfect gods, shark 4, 2008), un pistolet de face, trou du canon braqué sur nous, ou deux avions tournant autour d'un immeuble exhalant une épaisse fumée (série the mysteries, the haunting, 2009), nous, spectateurs, sommes stupéfaits par la beauté de l'exécution, le rendu des contrastes, la maîtrise du trait, le réalisme de l'ensemble. un instant, la forme supplante le fond. un instant seulement.

car chez longo, cette forme est au service du fond et le réalisme du trait a pour but de mieux mettre en avant la réalité qu'il dépeint. vous me direz, comme dans toute oeuvre réaliste. mais ici, le traitement noir et blanc ajoute à la brutalité et à la violence du monde, qu'elle soit destructrice (série monsters) ou érotique (série balcony). même sur des sujets "anodins" comme un joueur de baseball en plein effort (magellan – barry, 1996) ou un casque de pilote de chasse (série heroes, ulysses, 2009). même sur des ambiances oniriques comme des sous-bois (in the garden, 2009) ou l'intérieur d'une cathédrale avec lumière rasante (cathedral of light, 2008-09). et même sur des corps figés dans leur pose torturée (série men in the cities, 1980).

si l'atelier de longo est envahi de poussière noire, l'artiste travaillant avec le fusain depuis 30 ans, l'esprit du spectateur, lui, est envahi d'images choc et de réflexions contradictoires mais émerveillées au sortir de l'exposition. pour les bonnes ou les mauvaises raisons.

rétrospective au mamac, à nice, jusqu'au 29 novembre 2009 et, bonne nouvelle, exposition à la galerie saks, rue de la synagogue 34, à genève, jusqu'au 7 novembre. pour plus d'infos et voir les oeuvres, allez ici.