vous prendrez bien un petit moment de recul?

quand on va régulièrement s’entraîner dans une salle de gym, plus il est vrai pour limiter les dégâts que pour ressembler à apollon, on ne peut pas faire autrement que de regarder autour de soi. et il s’en passe, des choses, autour de soi. par exemple le mec qui se balade les bras écartés (ils se baladent presque tous les bras écartés) et qui arbore en permanence un regard spécial « front bas », genre menaçant, sourcils froncés et maxillaires crispés, histoire…

…  de prévenir que « faites pas chier, bandes de tapettes, j’en bave »…

et puis le mec qui a le total look, bandana dans les cheveux… qu’il n’a pas, puisqu’un mec cool, de nos jours, c’est chauve, le tattoo tribal qui lui barre le dos ou fait le tour de ses deux bras, le pantalon de treillis spécial culturisme, avec des motifs qui ne veulent rien dire, et le marcel très échancré pour bien faire ressortir ses trapèzes. il se balade en se regardant le plus souvent possible dans le miroir et ne parle ou ne sourit qu’à ses « potes de douleur virile », ceux qui, unis dans l’effort, soulèvent 240 kilos avec le petit doigt en regardant le poster de schwarzenegger…

il y a aussi le mec qui fait une grimace épouvantable dès qu’il touche un appareil ou un haltère. déjà qu’il n’est pas bien beau… on a envie de lui dire « charge moins tes haltères, tu feras moins la grimace ». en même temps, s’il les charge autant, c’est pour faire grossir ses muscles, donc (dans sa logique) d’augmenter son pouvoir d’attraction sur les femmes (ou sur les hommes) et d’améliorer son quotient intellectuel (toujours dans sa logique)… vous imaginez sa déception?

il y a encore le mec qui parle et rigole fort avec ses « potes de douleur virile » car il veut montrer qu’il n’est pas qu’un tas de muscles et qu’un mec musclé peut avoir de l’humour. ensemble, ils forment le « clan des francs camarades », qui se trouvent beaux (ou drôles), se baladent en pays conquis (et dans « conquis », il y a…), bras écartés et pectoraux turgescents, et plaisantent même avec des femmes (qui rient aussi fort qu’eux d’ailleurs) pour bien montrer qu’ils exercent un pouvoir d’attraction sur les femmes. enfin, celles-là, tout du moins.

il y a le mec jeune, initié par son papa (authentique!), ex-musculoïde bedonnant, qui s’entraîne 5 fois par semaine (il a donc quelques muscles), marche déjà comme un singe, c’est-à-dire le cul sorti et les bras ballants, gonfle le torse de plus en plus souvent à chaque fois qu’il passe devant un miroir, est fier parce qu’il a été admis dans le « clan des francs camarades » (composé exclusivement des « potes de douleur virile ») et aimerait bien dire aux nanas qui sont là (et qui ne le regardent pas) « hein? t’as vu comme chuis musclé, hein? vas-y tâte! tâte! »…

et puis il y a le(s) musculoïde(s) qui va à la douche avec une serviette… trop petite autour des reins.

il est difficile parfois d’aller s’entraîner: flemmite aiguë, auto-écoutage et défilage (presque) systématiques, l’impression d’être (déjà) trop vieux pour ces conneries, etc. et quand on pense à ces mecs, on a deux solutions: préférer le lever d’althères à la maison ou ne pas louper ces petits moments de recul hebdomadaire… perso, je suis assez partagé. et puis je me dis que souffrir pour souffrir, autant joindre l’utile à la rigolade et s’offrir une séance de cinoche en même temps ;O)…