
des jouets et des hommes
au grand palais à paris se tient jusqu'au 23 janvier 2012 une exposition sur la place et le rôle que tient le jouet dans l'éducation de l'homme dans les sociétés occidentales depuis l'antiquité. totalement inédite par son ampleur et son ambition, elle rassemble mille jouets exposés dans un…
… parcours à thèmes – l'univers des animaux, l'illusion de la vie (les automates), les jouets pour garçons et les jouets pour filles, et enfin l'âge des media – qui pose un certain nombre de questions.
les jouets sont-ils le reflet de la vie ou serait-ce la vie qui donne des idées aux créateurs de jouets? comment les enfants s'emparent-ils de ce monde des grands en miniature, imaginé par des adultes? comment les archétypes du mimétisme que sont les poupées, les figurines et les véhicules ont-ils évolué au fil du temps? quelles sont les permanences en termes de mimétisme? quelles sont les ruptures? a-t-on toujours rêvé de devenir pompier ou maîtresse d'école?
il est amusant de constater que les stéréotypes ont la vie (très) dure et n'ont guère changé depuis l'antiquité, même si la société a évolué (vraiment?) et que certains "rêves d'enfants" sont directement issus de l'histoire récente (l'astronaute, par ex.). mais voilà, dans le monde des jouets (et de l'enfance), les garçons sont toujours "entraînés" à la performance, à l'endurance et au dépassement de soi (les petits romains jouaient déjà aux courses de chars), les filles sont toujours "préparées" à leur futur rôle de mère et de femme au foyer. de même les stéréotypes physiques sont toujours plus ou moins les mêmes dans leur représentation inanimée: les poupées pour filles ont souvent des mensurations idéales (barbie en est bien sûr l'illustration la plus éclatante, mais elle n'est pas la seule) et les poupées pour garçons (g.i. joe, big jim, etc.) sont virils, grands et musclés (d'ailleurs, le nom même "g.i. joe", signifie "galvanized iron joe", on ne saurait être plus clair). plus récemment, les media ont quant à eux bouleversé le regard que l'on porte sur le jouet, notamment en le popularisant, grâce à des émissions de télévision (bonne nuit les petits) ou des produits dérivés de films qui ont fait la fortune de leur fabricant (la guerre des étoiles).
l'expo est aussi l'occasion de (re)découvrir des fabricants français du début du xxème siècle qui employaient parfois jusqu'à mille ouvriers pour assurer une production riche et variée. aujourd'hui, étalés devant nos yeux d'anciens enfants amusés, ces jouets constituent finalement un très fidèle et passionnant tour d'horizon de la vie quotidienne de l'époque, avec notamment des métiers depuis longtemps disparus.
on trouve, parmi les jouets masculins, les incontournables voitures à pédales, dont une aston martin fabriquée par la firme elle-même en 1966 pour le prince andrew, reproduction fidèle et unique de la voiture de james bond dotée de (presque) tous les gadgets dont bénéficiait la voiture du film (plaques interchangeables par ex.). parmi les jouets féminins, deux poupées au mimétisme hallucinant offertes à la future reine d'angleterre, dotées de tous les accessoires de mode fabriqués en miniature par les plus grands noms de l'époque (vuitton, hermès, etc.). il y a aussi une maison de poupées dont le réalisme va jusqu'aux serrures des portes verrouillables par clés. j'ai également noté un court-métrage d'animation – la révolte des jouets (hermína týrlová, surnommée la mère de l'animation tchèque, 1947) – qui, à la manière de jiri trnka, préfigurait déjà toy story (à voir en deux parties ici et ici). toy story qui clôt d'ailleurs l'exposition, par un extrait de la fin du troisième épisode, en proposant au visiteur une réflexion sur la sortie de l'enfance et le passage à l'âge adulte en quittant le monde des jouets. un "rite" qui n'existe plus aujourd'hui mais auquel, dans l'antiquité, les enfants se soumettaient en brûlant leurs poupées par exemple.
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