
les king’s singers à lucerne
samedi dernier (12 décembre), j'ai eu la très grande chance et l'immense plaisir d'assister à l'un des innombrables concerts de cet ensemble vocal anglais magnifique, à voix égales et a cappella, que sont les king's singers. six chanteurs – deux haute-contres, david hurley (2ème en partant de la gauche sur la photo) et le nouveau venu timothy wayne-wright (5ème), un contre-ténor, paul phoenix (1er), un ténor, philip lawson (2ème), un baryton, christopher gabbitas (4ème) et une basse, stephen connolly (tout à droite) – qui sont en tournée neuf mois par an, qui se produisent dans les plus grandes salles de concert du monde, qui ont un répertoire aussi riche que varié (renaissance,…
… baroque, chansons modernes, chants irlandais et jusqu'à des chansons traditionnelles chinoises), qui sont de brillants musiciens et, si l'on en juge par les propos qu'ils tiennent sur leur blog respectif ou lors d'interviews, des hommes charmants et exemplaires. ce qui ne gâte rien, bien au contraire. cette fois, ils se produisaient avec un programme de noël intitulé canti della rosa, avec des compositions de roland de lassus, ivan moody, piotr tchaikovsky, heinrich schütz, arvo pärt et camille saint-saëns.
c'était à lucerne, dans l'imposant kkl (kultur- und kongresszentrum luzern), conçu par jean nouvel. la scène est du genre à convenir à un orchestre symphonique mais nos six maîtres chanteurs n'ont eu aucun mal à se l'approprier, à l'emplir et à l'envahir pour la faire oublier complètement, et cela dès la première note.
mais revenons au king's singers. ce qu'il y a de fabuleux avec eux, c'est que, quel que soit le compositeur qu'ils abordent, quelle que soit la difficulté de la pièce qu'ils interprètent, leur performance est toujours (il n'y a qu'à voir les innombrables vidéos qui circulent sur youtube, par exemple) un moment de pur bonheur et relève d'un professionnalisme poussé à l'extrême: un calme maîtrisé, une voix claire, une "mise en scène" réglée au cordeau car mille fois répétée, une concentration maximale qui ne les empêche nullement de sourire et, cerise sur le gâteau, de "déconner" lors de rappels (3 à lucerne), avec des morceaux sans partition comme "blackbird" des beatles ou le traditionnel, et de circonstance, "jingle bells", qu'ils s'amusent à agrémenter de gestes ou de mouvements en total décalage avec le sérieux auquel la perfection de leur interprétation nous avait habitués jusque-là.
l'auditeur peu habitué à la musique vocale, et qui pourrait ne pas se rendre compte de la qualité époustouflante de ces chanteurs, ne retiendrait sans doute que ces moments plus légers (ceux qu'on voit d'ailleurs le plus sur internet) où ils font la preuve que perfection et clin d'oeil font parfois bon ménage, en se disant que "les king's singers, c'est les mecs qui chantent du classique en déconnant". de même, on pourrait un peu vite ne se souvenir que de ces pièces modernes, souvent réécrites et arrangées par philip lawson. ce serait dommage. car qu'on ne s'y trompe pas, s'ils se permettent de "se lâcher" avec une telle aisance, c'est parce qu'ils ont atteint depuis longtemps un degré de perfection que seuls les plus grands et les plus sérieux ensembles renaissance, baroque ou classiques peuvent prétendre leur disputer. et même s'ils sont loin au-dessus, loin devant, en bref qu'ils n'ont plus rien à prouver, ils s'appliquent depuis quatre décennies, et avec la même ferveur, à véhiculer un message d'optimisme et de joie. "juste" avec leur voix. maximum respect et pur moment de bonheur.
pour en savoir plus sur eux et sur leur agenda, rendez-vous sur leur site officiel.
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