
vous reprendrez bien un peu de bling-bling?
encore un mot très tendance et très… énervant. bling-bling vient de la répétition de l’onomatopée anglaise bling, reproduction phonétique du bruit que font des objets (des bijoux en l’occurrence) qui s’entrechoquent, induisant par là même leur clinquitude. parfaitement, monsieur, leur clinquitude! quitte à parler néologismes, autant les créer nous-mêmes plutôt que de laisser la langue anglaise s’en charger une fois de plus à notre place. les media (surtout français, merci monsieur le président) se sont emparés du mot et nous en rebattent les oreilles jusqu’à la nausée depuis des mois. le mot? mais c’est bien plus que cela! c’est devenu un concept, un mode de vie, voire, allez, que la peur sorte de nous, une fierté pour certains. porte-parole du…
… m’as-tu-vu nouvellement enrichi, symbole d’une réussite sociale fulgurante, le bling-bling est devenu un style que les milieux du design appellent « décalé », comme si qualifier de « décalé » quelque chose de laid le rendait plus joli et donc plus désirable. apparu au début des années 2000 dans des magazines féminins, le terme a même fait son entrée en 2003 dans les pages du très prestigieux oxford english dictionary. fera-t-il de même dans les larousse et autres petit robert? pas sûr, les rédactions résistent, n’y voyant qu’un phénomène de mode et doutant de son caractère pérenne. rappelons au passage à messieurs-dames les lexicographes que ça fait tout de même 8 ans qu’il traîne ses guêtres dans la presse pipol (encore un mot sympa, tiens, faudra que je lui consacre deux ou trois lignes. c’est vrai que « célébrités », c’est ringard), et que 8 ans pour un mot non pérenne, c’est quand même pas mal. alors je pose ici officiellement la question: qui, comme moi, et au risque de paraître rétrograde, est en faveur du boycott intransigeant et systématique de la notion même de bling-bling? personne? bon, tant pis. de dépit, je me rallierai à la parole éclairée de monsieur alain rey, conseiller éditorial pour le robert, qui déclare que l’adjectif clinquant est tout aussi parlant… la langue française est riche, mais l’anglais est tellement plus cool. et ce qui me fait le plus marrer dans tout ça, c’est que ceux qui prétendent que l’anglais en dit plus, ne parlent souvent pas assez bien l’anglais pour aligner plus de deux mots sans se prendre les pieds dans le tapis… attendez, bling-bling, ça fait deux mots!
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