le voleur d’art

le type qui avait volé 250 (chefs-d’)oeuvres
d’art (dont une centaine a fini dans un fleuve) dans les musées de 7 pays
d’europe, et qui avait fini par se faire arrêter en 2001 ou 2002, était invité à
la télé hier soir (samedi 7).

voilà un gars qui explique ses actes par sa
passion pour l’art. raccourci qui aurait passé la rampe de l’interview s’il
n’en avait offert un autre aux journalistes – et accessoirement aux milliers de
télespectateurs – toujours très critiques, à raison, à l’égard des motivations
réelles…

d’un tel individu. car plus on l’écoutait et plus on devinait que s’il
avait fait tout ça, c’était moins à cause de sa prétendue passion que parce que
les systèmes de sécurité des musées visités étaient déficients. sans doute une
manière (pas très fine) sinon de se disculper du moins de se déculpabiliser. de
là à déduire que tout ça ne serait jamais arrivé si les systèmes avaient été
plus performants et que, de façon plus générale, on peut prendre le bien d’autrui
sous prétexte qu’il est facile à prendre, le pas est vite franchi. bonjour la
morale.
en plus, l’attitude, l’expression, la culture de ce garçon contrastaient
singulièrement avec l’idée (sans doute préconçue, je le concède) que l’on pourrait
se faire d’un amateur d’art. mais pas de racisme primaire, tous les passionnés d’art
ne sont pas, et dieu merci, des galeristes jet-setteurs. et il est vrai qu’il
était moins invité pour parler d’art que pour faire la promo de son bouquin,
écrit durant ses 4 années d’incarcération et qui va sans doute faire de lui un
homme encore plus "célèbre" (et riche) qu’avant. les américains
seraient même capables de racheter les droits du bouquin et d’en faire un
blockbuster signé bruckheimer avec bruce willis dans le rôle de l’arsène lupin
des temps modernes, du "plus grand gentleman cambrioleur" du 21e
siècle. avouez tout de même que c’est à pleurer de rire (oui ben ne riez pas
trop car ça risque vraiment d’arriver).

on devrait faire une étude (si ce n’est
déjà fait) sur crime et marketing. car, en dépit du flou "artistique"
qui marque chez ce type la frontière entre "éclairé" et
"illuminé", il faut reconnaître que l’idée de récupérer le phénomène à son
avantage pour en faire un bouquin à sa gloire est, quelque part, lumineuse. même si, quelque part, elle nous rend sombres...