intervention télévisée de sarkozy

les réactions de tous bords affluent ce matin après l’intervention cathodique du président français hier soir. normal. dans la majorité, on se félicite, françois fillon en tête, d’avoir un président totalement engagé aux côtés de tous les français. normal. côté ps, on juge la prestation de nicolas sarkozy "incohérente", "hésitante", on estime que le président ne connaît pas la crise, que tout change, sauf lui, et qu’il a, entre autres, opposé un silence stupéfiant, choquant et méprisant au problème de la guadeloupe. normal. sans parler des syndicats qui promettent d’amplifier encore le mouvement et la mobilisation. normal.

perso, je n’ai regardé que la première demi-heure. pourquoi? parce que, au bout d’une demi-heure, j’ai préféré chambre 1408 en divx, un petit thriller fantastique pas piqué des hannetons et que je vous conseille. mais bref. qu’est-ce que vous vouliez que je fasse, monsieur pujadas? que je continue à regarder une émission soporiphique ou que je me fasse plaisir en regardant un petit film? eh bien monsieur pujadas, moi je dis le plaisir avant tout, voilà.

cela dit, avant de zapper, je n’ai pas pu m’empêcher de penser que l’ensemble de l’intervention serait à l’image de cette première demi-heure, surtout après une introduction ferme, précise, incisive, ponctuée toutes les 30 secondes de "posez-moi des questions concrètes" et de "je suis là pour apporter des réponses concrètes à tous les français", suivie immédiatement de la promesse de les apporter… à l’issue de la réunion avec les partenaires sociaux du 18 février. normal? j’ai vu un sarkozy opposer un discours finalement assez creux, ni rassurant ni convaincant, à des questions très précises de journalistes, laurence ferrari exceptée, grande absente parmi les présents, mais guy lagache en tête (qui a fait son animateur de capital et ne s’est pas laissé démonter devant un président tellement il est fort tellement il a une femme mannequin tellement il a sauvé la planète), mais qui ne répondait qu’à moitié à ses questions pourtant concrètes. normal?

mais fallait-il attendre autre chose d’une telle intervention? on sait depuis longtemps que quand un politicien se produit à la télé (pas seulement là d’ailleurs), c’est pour raconter des histoires. bon, sarkozy est plus incisif que ses prédécesseurs, certes, il coupe systématiquement la parole aux journalistes qui l’interrogent pour montrer qu’il est déterminé, qu’il a réponse à tout, qu’il n’est pas homme à se laisser prendre en défaut par une question, que c’est lui le patron. normal. sauf qu’hier, ce ton condescendant au bord de l’exaspération était un poil… exaspérant. on dirait que sarkozy confond action avec gesticulation, assurance avec arrogance, effets d’annonce avec efficacité. il répondait à des questions précises en biaisant, en poursuivant ce qu’il était en train de dire ou en parlant d’autre chose, bref en noyant un peu le poisson (qui n’en a vraiment pas besoin en ce moment, le pauvre). il a même essayé d’attendrir tout le monde en lançant "mon métier est très difficile et j’assume mes responsabilités". bien essayé mais qui est dupe?

soyons honnête, c’est vrai qu’en ces temps de crise mondiale, il est loin d’avoir la tâche facile. il a quand même expliqué les fondements de son plan de relance par l’investissement et non par une incitation à la consommation (ce qui, soit dit en passant, est plus juste à mon humble avis), il est revenu sur la réforme du lycée, a parlé du chômage et du nucléaire, a montré de l’empathie pour les français qui souffrent. normal, il était quand même aussi là pour ça.

et puis soyons sérieux. sarkozy avait promis que son quinquennat serait celui du plein emploi. bon, déjà que c’était très ambitieux, v’là-t-y pas que la crise s’en mêle. j’ai entendu un mec à la radio ce matin qui a dit sans sourire que "pour l’instant, ça n’en prenait pas le chemin". comme quoi les politiques n’ont pas toujours le monopole des grosses conneries!

pour conclure (j’ai lu la suite dans la presse de ce matin), le président va prendre des mesures mais ne changera pas de cap. ben même si sa crédibilité en eût pris un sacré coup s’il avait déclaré qu’il s’était trompé et allait corriger le tir, ce n’est pas avec ce genre de déclarations qu’il va ne serait-ce que ralentir sa chute libre dans les sondages…

malgré tout ça, et même si la grogne continue à ce rythme-là, je ne serais pas étonné (et je ne dois pas être le seul) que les français le réélisent en 2012. cela dit moins par conviction que par manque de candidats crédibles (les socialistes, il faut bien l’avouer, sont un grand éclat de rire et ce n’est pas royal qui relève le niveau en ce moment).