l’emmerdeur, de francis veber
théâtre de
la porte saint-martin, paris, à partir du 6 octobre. mise en scène: francis
veber, avec richard berry et patrick timsit. 2 représentations le samedi: 17h30
et 21h00. durée 80′. 3 pouces.
l’histoire
on connaît l’histoire: un tueur à gages, ralf milan, a
pris une chambre au dernier étage de l’hôtel faisant face au palais de justice
où doit arriver, dans quelques heures, le témoin gênant qu’il a été engagé pour
abattre. dans la chambre d’à côté, un brave type, françois pignon (dont c’est
la première apparition dans cette histoire), est sur le point de se suicider parce que sa femme
l’a quitté. pour accomplir sa mission, milan se verra contraint de l’aider…
pièce vs. film
le théâtre obéit à des règles précises telles que…
… l’unité de lieu. le cinéma, par définition, se doit de
"bouger" et ne saurait se contenter d’un seul décor, on l’a vu dans
de nombreuses adaptations. le film multiplie donc les développements pour
enrichir l’expérience visuelle et contextuelle du spectateur. la pièce,
se concentrant sur l’intrigue et les personnages, paraît toujours, en comparaison, plus "sobre".
par exemple, là où le film sortait de l’hôtel, au haras (lorsque
pignon tente de raisonner sa femme), à la clinique de fuchs, l’amant (lorsque
milan reçoit par erreur une injection de tranquillisant), et à la prison, la
pièce reste cantonnée dans les deux chambres (en fait la scène coupée en deux),
y faisant venir l’amant et l’épouse, et suggérant sans montrer (l’épisode du
store et le final). deux petites différences à signaler également: milan ne se prénomme plus ralf mais jean et pignon n’est plus représentant de chemises mais photographe, tendance paparazzi…
les acteurs
si patrick timsit est parfait dans le rôle du gaffeur
dépressif et gentil (rôle dans lequel on le cantonne souvent), richard berry est moins immédiatement crédible que lino
ventura dans ce rôle de tueur à gages. élégant, tout de noir vêtu, on peine à
"rentrer dans son personnage". mais la violence dont il est amené à faire preuve (et son talent) efface cette apparente
"erreur de casting" et la pièce retrouve vite sa place dans le genre dans lequel
elle a été écrite: le théâtre de boulevard. plus tard, berry nous fera presque
pleurer de rire lors de sa crise de spasmes incontrôlables due à l’injection d’amphétamines,
allant jusqu’à mettre en danger sa réputation de beau gosse sobre et toujours
sous contrôle. est-ce à dire qu’il est, la plupart du temps, sous-employé?
mon avis
une histoire connue mais menée tambour battant par un duo
d’acteurs très en forme (et des rôles secondaires très convaincants), chapeau
pour la performance, quand on sait qu’ils donnent deux représentations le
samedi soir… du bon théâtre de boulevard, populaire à souhait, avec une salle
bondée et des applaudissements presque à chaque effet (rire garanti). bref, un
excellent moment de divertissement, qu’un public genevois saluerait sans aucun
doute par une standing ovation, malgré l’inconfort patent d’une salle
vieillissante (prévoyez de rétrécir de 15 cm, tant l’espace pour les genoux est
réduit) et mal adaptée à ce genre de pièce (un quart des spectateurs ne voyait
pas une partie de la scène) et qui mériterait des fonds pour se refaire une
beauté… courez-y vite!
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